Soir de grande première à New York pour Emma Raducanu. Encore inconnue du grand public il y a quelques mois, la Britannique, issue des qualifications, s’est imposée en deux manches contre son aînée Leylah Fernandez (6-4, 6-3), samedi 11 septembre, pour remporter son premier Majeur en carrière à l’US Open. Une page d’histoire s’est donc ouverte sur le court Arthur-Ashe : elle est désormais la seule joueuse à avoir remporté un Grand Chelem en étant sortie des qualifications. Une trajectoire irréelle pour une 150e joueuse mondiale au classement.
Dans cet affrontement estampillé « Next Gen » entre la Britannique et son aînée canadienne, 73e à la WTA, le duel a longtemps été indécis. Plus entreprenante et solide dans les moments clés, Emma Raducanu a fait le jeu en prenant le contrôle des échanges à plusieurs reprises dans le premier set. Malgré un léger temps faible en début de deuxième manche, la native de Toronto a continué son entreprise de démolition pour s’adjuger le titre sur sa troisième balle de match.
Une finale à l’image de son parcours
Le flegme britannique a de la relève dans l’air. Emma Raducanu a mêlé la sobriété et l’efficacité durant trois semaines en écartant tour à tour des joueuses supérieures à elle en terme de classement. Et même si les deux finalistes s’étaient déjà rencontrées chez les juniors à Wimbledon – avec une anecdotique victoire de Raducanu sur Fernandez en seizièmes de finale en 2018 – les revoir en finale à respectivement 18 et 19 ans semblait tout à fait improbable. Un changement de dimension et une mutation express que la Britannique a déjà validé à la vitesse de l’éclair.
Après avoir breaké d’entrée de jeu sur sa sixième opportunité, Emma Raducanu a ensuite concédé directement son service à Leylah Fernandez pour la quatrième fois du tournoi. Une crispation qui a duré l’espace d’un instant seulement. Au cœur d’une intense bataille de fond de court, les deux joueuses se sont neutralisées à coups de points gagnants (22 pour Raducanu contre 18 pour Fernandez) et d’anticipation. Et à ce jeu-là, la Britannique a pris son temps avant d’enclencher la vitesse supérieure au bon moment à 5-4, puis d’accélerer d’un dernier coup droit long de ligne pour décrocher le premier set.
Délestée d’un poids important, elle a par la suite été breakée dans la foulée et sans pitié par Leylah Fernandez (1-2). Signe d’une forme d’impatience là encore bien vite dissipée pour la Britannique, qui, en enchaînant quatre jeux consécutifs a repris l’avantage (5-2) pour ne plus jamais le lâcher. Sur sa troisième balle de match et un ace extérieur rempli de grâce, Emma Raducanu a porté la plus belle estocade de sa carrière en 1h51 de match : celle d’un premier titre en Grand Chelem pour ce qui est seulement son deuxième après le dernier Wimbledon.
En dix matches à Flushing Meadows et 20 sets consécutifs, l’idée d’un titre qui n’était jusqu’ici qu’un rêve lointain est donc bien devenu réalité. Elle succède par la même occasion à Virgina Wade, dernière vainqueure britannique en Majeur, il y a 44 ans à Wimbledon, et passera dès lundi du 150e au 23e rang mondial, soit un bond sensationnel de 127 places à la WTA. Tout simplement historique.