Invité au festival international Soul power Kongo, c’est à pas de claquettes que Tamangoh s’engage sur le chemin du retour à Loango en République du Congo point de départ de millions d’esclaves vers l’Amérique. Passionné du jazz et du tap danse depuis son jeune âge, le nom du danseur et chorégraphe de renommée internationale (lauréat du Masters of African. American Dance Award) évoque le Congo Square, une place emblématique de la Nouvelle-Orléans, qui fut autrefois un marché aux esclaves. Aujourd’hui, il saisit cette opportunité pour organiser des ateliers en compagnie de jeunes artistes. Ateliers durant lesquels claquettes, danse, conte et histoire s’entremêlent pour ne faire qu’un.
Asos : Bonjour Tamangoh, ça vous fait quoi de se retrouver ici à Pointe-Noire, connaissant l’histoire qui la relie avec la nouvelle Orléans aux Etats Unis où tu as connu la danse des claquettes ?
Tamangoh : C’est le sentiment d’un enfant prodige qui avait quitté sa terre et qui la retrouve des siècles plus tard. Tamangoh c’est l’un des grands fils de l’Afrique qui revient aux sources.
Le retour à cette culture qui est du passé, du présent et du futur. Éternellement, on le redécouvre par ce que le tap dancing c’est quelque chose dont on croit avoir disparu, mais après, on s’aperçoit qu’elle est toujours présente et elle le sera toujours, puisque c’est une expression donc elle évolue avec le temps.
Asos : historiquement, elles sont nées comment en Afrique les claquettes ?
Tamangoh : la naissance est basée sur l’interdiction de jouer du tambour par ce que les maîtres d’esclaves avaient remarqué que c’était un moyen de communication. Et voilà comment ils ont transféré le tam-tam qui se joue avec les mains vers les pieds, avec des codes et petit à petit ça s’est transmis comme cela. C’est vraiment l’histoire d’un peuple.
Asos : comment cette danse est-elle perpétuée aujourd’hui ?
Tamangoh : y a beaucoup de groupes qui perpétue la danse aujourd’hui, mais dans la forme, pas le fond qui est l’Afrique, qui est le jazz, le blues. Et aujourd’hui le tap danse est entré dans les jeux olympiques. C’est la technique y a pas vraiment de musique.
Asos : Comment aujourd’hui l’Afrique peut se réapproprier cette tradition ?
Tamangoh : Sur le continent, elle est comme inexistante, et avant tout un problème d’ignorance mais faut aussi le vouloir. L’Afrique doit manifester cette volonté de réécrire son histoire et je salue en passant cette initiative de Sylvie Mavoungou Bayonne de faire la promotion de ce festival via Matombi production. Des ateliers comme ceux-ci servent à ça. À former, à se réapproprier justement cette tradition.
Propos recueillis par Ame César Sehossolo
Pour le Mag de l’Asos.