Nancy Matounga, fleur de la world musique congolais.

Nancy Matounga – Photo promotionnelle de son single la Patience

 

Samedi 29 octobre 2022

Nancy Matounga est l’une des valeurs sûres de la musique de recherche congolaise. Elle a su se distinguer ces dernières années par son originalité associant chant et rap en Dondo, (dialecte de la Bouenza, département situé au sud du pays) sa langue ethnique, pour non pas seulement peindre les couleurs de cette tradition qui l’a longtemps bercé, mais aussi aborder autrement certains sujets encore tabous dans la société. Interview.

 

l’ITW – Comment est née votre passion pour la musique folklorique?

Nancy Matounga : j’ai toujours éprouvé de l’admiration pour les artistes qui font la promotion des cultures d’Africa, je pense que c’est la clé qui déclenche tout.

Ensuite, je me souviens qu’à l’entrée de l’année 2016, la musique nigériane m’a beaucoup influencé. Cette façon particulière de redorer l’afrobeat de fela m’a laissé sur mes envies. Il y a également ces éternelles grandes voix du continent, je pense à la Capverdienne césaria Évora, la diva aux pieds nus et à la Sud-Africaine Brenda Fassie qui m’ont poussé à bout.

ITW – Le monde vous découvre en 2017 à la sortie de votre single wélé Kwandi (qui signifie départ). Vous n’hésitez pas à prendre des risques en associant rap et chant. Plonger nous dans le secret de cette alchimie ?

Nancy Matounga : je voulais ajouter une touche particulière à l’existant qu’Eurêka, j’ai eu l’idée d’essayer ce mixte de styles. A ma grande surprise, tout le monde a apprécié. Mais croyez-moi que je ne m’attendais pas à un tel résultat.

ITW- une autre particularité, lorsqu’on vous écoute c’est la valorisation de votre langue maternelle, le Dondo dont vous vous inscrivez fièrement en véritable défenseur, expliquez-nous.

Nancy Matounga : je me suis assignée cette mission de promouvoir la culture de mon département la Bouenza, notamment la langue Dondo. Peu importe où je serai et avec qui je collaborerai, je mettrai toujours en avant mon patronyme, c’est tout simplement mon identité. J’œuvre à sa préservation car, nul n’est sans ignorer que nos langues se meurent faute de ne pas les parler.

ITW- vous évoquez dans vos chansons des thématiques de l’heure – le chômage et l’immigration clandestine. Simple hommage ou vous vous sentez concernée ?

Nancy Matounga : je suis née en 1986, j’ai donc 36 ans. C’est pour vous dire que je suis jeune. Je ne suis pas insensible aux maux qui gangrènent la société. Le chômage, la pauvreté et la guerre font partie des causes même de l’immigration clandestine. La jeunesse n’a qu’un souhait, aller chercher le bonheur ailleurs peu importe les risques que ça comporte. Ma seule façon d’expliquer mon désarroi, c’est en prenant le micro.

ITW- votre dernier single sorti il y a trois semaines parle de Patience, certainement la clé de votre succès aujourd’hui ? 

Nancy Matounga : La patience est une vertu qui permet d’atteindre les étoiles. Aujourd’hui je n’habite pas les étoiles mais je pense que j’ai pris de la hauteur dans ma vie professionnelle. Sans la patience, j’aurai pris des décisions à la va-vite, j’aurai cédé à des propositions humiliantes, surtout que je suis une femme, dans le milieu pro, nous sommes des proies. J’ai fait tranquillement mes classes, voilà que je récolte les fruits.

ITW- quelle place occupe la musique folklorique dans le

Quotidien du congolais ?

Nancy Matounga : le folk se cherche encore un équilibre d’entre les autres styles de musique, la rumba et le hip-hop pour ne citer qu’eux. La bonne nouvelle, c’est que, depuis la sortie du single BOKOKO d’extra Musica, il y a onze mois à peu près, et qui a totalisé plus de 20M de vues sur YouTube, tout le monde veut désormais valoriser l’authenticité. Même le hip-hop s’ouvre à l’intégration des rythmes traditionnels. Une considération qui replace automatiquement le folk sur le bon rail. Mais, soyons réaliste, ce n’est qu’un effet de mode.

 

ITW- êtes-vous fière de votre parcours ?

Nancy Matounga : gamine, dans mes rêves, je me voyais artiste, aujourd’hui, je vis ce rêve. Oui, je suis fière de mon parcours. Je ne suis pas la meilleure d’entre tous mais, j’ai réussi à m’incruster dans le milieu sans déranger qui que ce soit et je suis heureuse d’être là où je suis.

 

Par Yann Orion

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