C’était il y a à peine plus d’un mois, le 27 juin 2021. En finale de l’Euro, les Françaises étaient dépassées dans le troisième quart-temps et s’inclinaient (54-63) pour laisser la Serbie s’emparer de la couronne continentale. Quelques semaines plus tard, les Bleues ont pris une douce revanche en battant les Serbes ce samedi à Tokyo dans la « petite finale » du tournoi olympique pour s’offrir une médaille de bronze neuf ans après l’argent de Londres et cinq après la quatrième place de Rio. La revanche est même double pour les joueuses de Valérie Garnier: la Serbie était l’équipe qui les avait privées du bronze en 2016 (63-70).
Moins d’une journée après l’élimination en demi-finale face au Japon, les Françaises ont su digérer la déception et se remobiliser pour aller chercher la vingt-neuvième médaille de la délégation tricolore à Tokyo quelques heures après la vingt-huitième décrochée par les hommes, en argent après leur défaite face à Team USA. Après un premier quart à l’avantage des Serbes (23-19), les Bleues reprenaient les commandes dans le deuxième avant d’enfoncer le clou dans le troisième – là où elles avaient sombré en finale de l’Euro – derrière une Marine Fauthoux en feu et qui ne ratait rien pour aborder la dernière période avec un avantage de +11.
Si les Serbes reviendront à sept point (78-71), la fin de match sera contrôlée sans véritable frayeur avec quelques actions d’éclat en moments libératoires à l’image du trois points de Marine Johannes à 1’40’’ de la fin (après cinq tentatives ratées derrière l’arc) pour repasser à +12 ou du trois points avec la planche de Gabby Williams à 40 secondes du terme. Longtemps restées sur le parquet à sourire, danser et profiter du moment après la victoire, les Françaises ont construit leur succès sur une prestation collective aboutie, avec sept joueuses à 10 points ou plus (!) en preuve d’un groupe impliqué de tous les côtés, magnifiée par quelques belles performances individuelles pour Gabby Williams (17 points et 8 rebonds), Endy Miyem (16), Sandrine Gruda (14) ou Fauthoux (12). Elles ont bien mérité leur belle médaille de bronze.
« Une vraie victoire d’équipe »
« Grand respect à ce que vient de faire cette équipe de France, lance l’ancien international Stephen Brun, consultant basket pour RMC Sport. On les avait laissées malheureuses, tristes, passer à côté de leur demi-finale olympique. Elles jouaient le bronze à peine dix-sept heures après, on avait des inquiétudes, mais elles ont répondu de la plus belle des manières, avec beaucoup d’abnégation, beaucoup de courage, beaucoup d’envie. C’est une vraie victoire d’équipe car Valérie Garnier a beaucoup ouvert son banc. Marine Fauthoux a été exceptionnelle. C’est la deuxième médaille de l’histoire du basket féminin français et deux joueuses étaient déjà là en 2012, Sandrine Gruda et Endy Miyem, qui ont été héroïques lors de cette compétition. »
« On est submergées par les émotions, savoure justement Gruda. Il fallait laisser les émotions négatives de côté après la demie pour penser à ce match, le préparer dignement, et c’est ce qu’on a fait. Cette campagne s’achève en beauté. Il y a eu des bas, des hauts, mais cette médaille efface tout et on ne garde que le meilleur. » La jeune Iliana Rupert, qui comme Fauthoux était U15 lors des derniers JO, pouvait arborer son plus grand sourire: « Franchement, c’est fou. Je ne sais même pas quoi dire. Je suis trop heureuse. Je n’ai pas les mots tellement il y a d’émotion. » Avec deux médailles, le basket tricolore prouve une nouvelle fois qu’il fait bien partie des meilleurs au monde. Bravo aux Bleues comme bravo aux Bleus.