21 ans après le Bisso na Bisso, Ghislain Loussingui (Mystik), revient booster la jeunesse Congolaise.
« Salutations ensoleillées à toutes et à tous » ! C’est par ces mots chaleureux accompagnés d’un large sourire que Ghislain Loussingui alias Mystik reçoit à chaque fois, ses participants aux ateliers d’écriture créative. Car si l’ancien rappeur de Meaux était jusque-là connu pour ses classiques comme « fruit défendu » ou ses remarquables interventions dans le groupe Bisso na Bisso, c’est dans des ateliers d’écritures et des séances de dédicaces de ses livres que le poétiser s’est créer un nouvel univers. De retour dans son pays d’origine le Congo, 21 ans après, Ghislain Loussingui nous a accordé une interview.
Asos : Ghislain Loussingui comment êtes-vous passé du rappeur chevronné que vous étiez, à formateur en atelier d’écriture ?
Ghislain Loussingui (Mystik) : salutations ensoleillées à toutes et à tous, j’ai quitté le pays à l’âge de 10 ans, passionné par les mots, avec le temps je me suis lancé dans le rap, le Hip Hop, une culture riche qui va par choquer ma vie, et va me permettre de travailler avec des artistes talentueux comme Passi, Diams, Soprano, K-RIN, et le Bisso na Bisso .
Le Bisso na Bisso était un groupe qui réunissait plusieurs individualités de rappeur d’origine Congolaise comme Passi, Ben J, M’Passi, les frères arsenik et même au début l’un de leurs cousin TNT et on a ensemble sorti un album culte « racines ». L’album nous a apporté un impact médiatique considérable, c’était un espace d’expression libre pour nous et une façon de rendre hommage à notre pays et à la musique que nos parents écoutaient. Ce qui fait de nous les précurseurs de l’Afro Rap aujourd’hui et ce n’est pas pour la gloire que je le dis, mais pour la vérité de l’histoire.
Nous avions été nominés en Afrique du sud des mains de Nelson Mandela, meilleur groupe, meilleur clip. Ce jour-là, je prends conscience que l’acte d’écrire est un acte de gratitude, c’est à ce moment-là que j’ai commencé à mettre en place des ateliers d’écritures créatives pour permettre à d’autres d’avoir quelque chose que je n’ai pas eu car moi personne ne m’a appris à écrire.
J’interviens dans les écoles, dans les entreprises pour permettre la cohésion des équipes pour une meilleure qualité de vie au travail. Je pense qu’on est plus efficace quand on connaît les gens avec qui on travaille. Y a des particuliers aussi qui font appel à moi, je travaille aussi à distance grâce aux nouvelles technologies que ce soit en Suisse, à Mayotte et ailleurs. Et je suis très heureux de le faire par ce qu’aujourd’hui, je permets aux gens de faire leur plus belle rencontre en travaillant sur la confiance en soi, l’estime de soi, permettre aux gens de comprendre qu’ils ont le pouvoir d’agir.
Asos : Auteur de 4 recueils de poèmes, vous préférez qu’on vous qualifie de
« Poétiser » plutôt que poète pourquoi ?
Ghislain Loussingui (Mystik) : les mots, parfois, peuvent être limitant, moi, j’aime l’écriture. A partir du moment qu’on écrit, on retire la musique, les gens peuvent dire poète, moi je ne me définis pas en tant que poète, mais en tant que poétiser c’est-à-dire que je poétise des instants de vie. La poésie ça va être quelque chose de trop technique et la technique, elle me limite. Or moi, j’ai besoin de liberté pour laisser briller tout mon talent.
Asos : aujourd’hui plus de 20 ans après votre dernière décente au Congo, c’est le retour au pays avec un concept appelé « boosteur d’énergies » qu’est-ce que c’est?
Ghislain Loussingui (Mystik) : C’est un programme d’ateliers de six ateliers de deux heures que j’ai initié en France pour essayer de soigner le fléau qui est le décrochage scolaire, car il y a beaucoup de jeunes qui ne se sentent plus à l’aise à l’école et moi, j’interviens pour qu’ils se libèrent via l’écriture.
Aujourd’hui, les choses évoluent tellement qu’il y a des changements à tous les niveaux. On n’a pas la même vie lorsqu’on n’a pas de cadre familial stable. Stable sur le plan émotionnel, financier ou social, et même culturel et c’est difficile à trouver sa place ou d’être équilibré. Surtout à l’école où on est censé se socialiser avec les autres elle devient aussi un espace de compétition à cause des notes et cette tendance peut être des sources de malaise. C’est facile de pointer du doigt ces jeunes en décrochage, mais moi, j’ai l’habitude de dire aux adultes qu’au moment où l’on pointe du doigt, on le fait avec un seul doigt, mais quand on retourne sa main, il y a aussi trois autres doigts pointés à notre direction, ce qui indique que nous aussi nous avons notre part de responsabilité.
Asos : Pourquoi seulement maintenant au Congo ?
Ghislain Loussingui (Mystik) : J’ai organisé ces ateliers dans toute la France, mais aussi à Mayotte en Pologne, par ce que je parle un peu polonais, et tout ça avec de bon retour et cela m’a pris 20 ans.
J’attendais ce moment depuis longtemps, je me disais : » j’ai un savoir-faire et surement qu’ils le remarqueront au pays et ils feront appel à moi ». Mais au bout d’un moment je me suis dit, que je ne pouvais pas dire aux jeunes : « croyez-en vous, battez-vous », alors que moi-même je restais en attente. J’ai donc décidé de faire appel à mes partenaires du Congo à l’instar de Cédric Sehossolo qui est journaliste et manager, mais aussi Mike Nkounka et Sosey un artiste talentueux et ensemble nous avons réfléchi comment réaliser ces ateliers.
Asos : après donc ces ateliers, quels sont vos sentiments ?
Ghislain Loussingui (Mystik) : Nous en avons réalisé avec des artistes, des jeunes femmes et des entrepreneurs, qui justement se préparaient à célébrer la journée mondiale de l’entrepreneuriat et je peux vous garantir que c’était des instants magiques. J’ai eu la chance de rencontrer des jeunes talentueux remplis d’énergies, mais un petit peu en manque d’assurance au début, il a donc fallu les rassurer pour qu’ils regagnent confiance en eux. Et l’un des moments les plus émouvant a été la rencontre avec des jeunes femmes et filles d’une association dont la vie sociale est très précaire, tant sur le plan financier qu’affectif et dalleurs mon plus grand souhait serait d’y retourner pour développer avec des éventuels sponsors et partenaires, l’accompagnement de ce genre d’initiative. Donc un sentiment de satisfaction, mais en même temps de travail inachevé, car le temps nous était imparti.
Par Ame pour Le Mag de l’Asos.